Obachan Panic!

J’ai proposé à Jbfh de partager ses impressions et ses explications. Et il a dit banco! Je te remercie sincèrement car ce jeu à l’air excellent et délicieusement dingue. 

Serrez vos gaines, astiquez vos dentiers et graissez vos déambulateurs, parce qu’on va vour parler d’Obachan Panic!.

Obachan Panic! un petit jeu de Vincent Chang, illustré par Alec Sorensen (Electric Bastionland) et sorti à l’occasion du premier ZineQuest. On y joue des mamies, des mémés, des taties, des bubbe, des yaya, des nonna, bref, des vieilles dames ! On en connaît tous, elles sont parfois râleuses, toujours accro aux ragots, elles ont des manies agaçantes et sont intrusives mais veulent toujours bien faire. Et ces grand-mères, il va leur arriver des histoires pas possibles, un mélange de Miss Marple et de Scoobidoo sous amphétamines (Miss Marple sous amphet, pas Scoobidoo, je suis pas un monstre !).

Alors, comment ça marche ? Pour commencer, les personnages sont créés de manière aléatoire grâce à une dizaine de tables définissant :

  • le nombre d’enfants (enfant est un terme générique, vous pouvez finir avec 26 chats ou avec un lama thérapeutique), 
  • votre petit surnom affectif de vieille dame, 
  • votre silhouette (modèle girafe, poire ou encore raisin sec, etc.), 
  • votre style (la grand-mère dans Titi et Grosminet, déambulateur tunné ou cette manageuse de seconde zone qui fume comme un pompier, etc.),
  • votre vie passée (membre de la mafia, princesse amazone de 200 ans, etc.), 
  • un truc que vous êtes la seule à connaître (Snoop Dogg, le Krav Maga ou qui a vraiment tué Lady Di, etc.)
  • quelques objets que vous avez dans votre cabas (1 kg de weed est un résultat possible, et c’est pas le plus WTF).

Sur votre jolie fiche de personnage, que vous DEVEZ agrémenter de décorations florales, vous avez 3 compétences : 

  • Culpabilité (Guilt), pour les actions brutales, armées, intimidante, 
  • Glamour (Glam), pour le flashy, le délicat et pour convaincre, 
  • Sac à main (Purse), pour les ressources, les secrets et pour voler des trucs. 

Vous y mettez 1, 0 et -1 dans l’ordre que vous voulez. 
Enfin, vous tirez des liens avec vos voisines de tablée mais surtout, le plus important : vos Crises de Panique (PANIC!) !

Parce que voyez-vous, ces dames ont au fond d’elles des pouvoirs insoupçonnés (du style à passer en mode Super Sayan, à danser comme Patrick Swayze ou manier le sac à main enflammé). Mais pour activer ces superpouvoirs, il faut des points de YASS (en français, ça pourrait sans doute être transformé en point de « Maaaannn »). Pour en récupérer des points de YASS, il y a deux méthodes : 

  • faire des Crises de Panique (ce sont toutes ces manies psychotiques et agaçantes qu’ont nos chères têtes grises, se plaindre que l’on n’appelle jamais, qu’on est trop maigre, qu’on est toujours pas marié, etc.), la crise devra gêner l’action d’une joueuse, ça peut être soi-même, qui aura un malus de -1 sur son jet et celle qui panique récupère 1 YASS incitant ainsi à créer des rebondissements farfelus à tour de bras. 
  • On récupère également des YASS lorsque nos Ragots (Gossip) s’avèrent exacts : tout au long de la partie les joueuses sont invitées à raconter des commérages, faire des plans sur la comète sur les évènements (certains diraient même “bitcher”) donnant ainsi des idées pour la suite au MC (ha oui, j’vous ai pas dit, c’est un PbtA !). Chaque fois qu’une idée est réutilisée, la joueuse qui avait émis le potin gagne des YASS.

Les Crises de Panique et les Ragots sont le cœur du jeu puisqu’ils fournissent des rebondissements, de la matière au MC pour improviser, incluent les joueuses dans la narration et les récompensent en leur permettant de faire leur superpouvoir à la fin du scénario.

Et qu’est-ce qu’on y joue ? Une partie se divise en 3 actes :

  • Acte 1 où on papote autour d’une tasse de thé/cocktail/shot de tequila dans le nombril d’un jeune éphèbe, c’est le moment où le MC envoie des questions secrètes (préparées à l’avance, ce sont en quelques sortes les prompts qui servent de graines de scénario) aux joueuses auxquelles elles doivent répondre secrètement sous la forme d’un Ragot. Puis un événement perturbateur anodin survient et les dames sont lâchées dans la nature. 
  • Acte 2, elles doivent enquêter/visiter/explorer, le but ici est de paniquer et commérer autant que possible pour engranger des YASS. Au moment opportun, le MC fait un signal discret à la joueuse dont le potin secret permet de faire avancer l’histoire. Par exemple, lors de ma partie, j’ai demandé en cachette : « Tu as lu sur nousachons.org que d’étranges coutumes folkloriques faisaient (font ?) l’objet de rituels obscurs, lesquels ? Quels signes arborent les adeptes de ces coutumes ? » et lorsque le MacGuffin de l’histoire a été enlevé j’ai fait signe à la joueuse pour qu’elle introduise sa secte de prêtresses cubaines qui changent les hommes infidèles en chat par le biais d’un indice trouvé.
  • Acte 3, l’affrontement. Les potins avérés mènent au dénouement, « oui ma chère, c’est bien dans cette pyramide inca abandonnée au milieu de la jungle que la secte se réunit et oui, le grand méchant c’est le capitaine du bateau de croisière qui nous a amené ici ! ». Reste à déchaîner la fureur, faire péter les pouvoirs, botter des culs et récupérer des chatons en route.

Enfin, retour au salon de thé/living room/bar gothique pour débriefer et commérer sur la prochaine aventure (car oui, la joueuse avec le plus de YASS à la fin de la session devient le MC pour la prochaine partie).

Pour résumer, j’ai passé un super bon moment durant cette partie. La session a été plutôt courte (20h30-23h30 avec création de personnages et 2 pauses), riche et intense. On a vraiment beaucoup rigolé tant les situations créées par les Crises de Panique se sont avérées burlesques mais en même temps ancrées dans la réalité (qui n’a jamais vu une mamie fendre la foule telle Moïse au bord de la mer Rouge parce qu’une envie de pipi soudaine s’est faite sentir ?).

D’un point de vue mécanique, ça marche vraiment bien, la dynamique Ragots – réutilisation dans la fiction – YASS est une excellente idée, à la fois gratifiante et stimulante. Enfin, j’ajouterais les Crises de Panique incarnent parfaitement le A de PbtA !

Finalement, c’est un jeu auquel vous devez jouer. Je vous vois faire “oui, oui” derrière votre écran, mais écoutez donc votre tatie ! Ce jeu est une petite perle et la bonne nouvelle c’est que si vous avez acheté le méga bundle Black Lives Matter sur itch.io, et bien vous l’y trouverez. Alors finissez votre assiette, mettez un tricot de corps parce que ça caille dehors et jetez vous dessus !

https://flyaturtle.itch.io/obachan-panic la version PDF en anglais à 9$

Matthieu B

Passionné d'informatique et de jeux de rôle, aime beaucoup trop parler de lui à la 3ème personne. Publie sur C'est Pas du JDR, créateur de forthedrama.com, anime un collectif en ligne dédié au partage, l'entraide, la transmission et l'accessibilité des jeux de l'imaginaire.

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